L'Intelligence Artificielle vs. notre Humanité
Une perspective sur la déshumanisation par l'IA
Il y a plusieurs façons d’essayer de définir ce qu’est l’expérience humaine.
De définir ce que cela veut dire d’être HUMAIN, ce que nous sommes venus faire ici.
Nous ne choisissons pas ce qui nous arrive. Nous ne choisissons pas ‘le contexte’, nous choisissons notre réaction face au contexte.
En navigation, nous ne choisissons pas les conditions de mer ou de vent. Nous ajustons les voiles ou manœuvrons pour tenter d’atteindre la destination prévue.
L’expérience humaine est celle d’exercer notre conscience à chaque instant pour décider de notre façon d’avancer. Une conscience d’un mystère insondable, combinant l’écoute du tréfond de notre cœur, de ce que nous dit notre tête, de ce que nous murmure notre intuition.
L’existence humaine est l’exercice de notre conscience dans la matière.
La plus grande œuvre d’art de chaque être humain c’est sa propre vie.
📕 Un livre dont vous êtes le héros.
Advient l’Intelligence Artificielle.
‘Science sans conscience n’est que ruine de l’âme’. On pourrait prolonger la maxime rabelaisienne ainsi : à fort degré de science, fort degré de conscience.
L'IA se développe à une vitesse vertigineuse sur la planète.
Pour ce qui est de la conscience corrélée à l'IA, de la conscience de ses créateurs, de ses financeurs, on ne peut pas dire qu’elle suive le rythme.
Alors que les enjeux apparaissent comme colossaux, l’IA et sa mise en œuvre à tous crins dans l'économie semblent fonctionner en roue libre.
Va-t-on vers la ruine de l’âme ?
Il me semble que l’on peut distinguer deux attitudes face à l’IA.
La première est celle de la collaboration, de la co-construction. Une nouvelle perspective est proposée, de nouveaux horizons s’ouvrent. L’IA propose, nous intégrons, améliorons, re-soumettons, validons, décidons. Cette attitude-là me semble intéressante. L’IA n’est pas figée dans ses croyances limitantes, ou en tous cas pas les mêmes. Cette perspective-là peut enrichir la réflexion.
La seconde est celle de la délégation. Remettre notre pouvoir de décision au mains d’une IA. C’est à dire aux mains d’on ne sait pas qui, mais plus de nous. Choisir cette direction c’est renoncer à l’exercice de notre conscience. C’est renoncer à notre humanité. C’est un renoncement à ce que nous sommes.
C’est en cela que cette mise en œuvre est déshumanisante.
Ce qui est insidieux, c’est que l’on voit bien se dessiner le passage indolore de l’une à l’autre. Lorsque l’on aura ‘collaboré’ une fois, deux fois, dix fois, et validé systématiquement les propositions de l’IA, il sera tentant d’appuyer sur ce fameux ‘Say yes for all upcoming choices’.
Lorsque les militaires voudront ‘gagner’ à tout prix.
Lorsque l’on voudra encore accélérer.
La mise en œuvre (ou pas) de l’IA exige de chacun l’exercice entier de sa conscience.
L’avènement de l’IA exige que nous décidions collectivement de la destination.
Sans quoi la vie serait un livre dont ne serions plus les héros.